Visite de la police
J’ai été témoin quelques fois de « visites » de policiers lorsque j’étais en maison de transition. Ce n’est pas tellement agréable. Ils viennent chercher quelqu’un et ça se passe comme une arrestation. Ça ramène de mauvais souvenirs.
Aujourd’hui j’étais tranquille dans mon appartement en train de programmer et mon « buzzer » a sonné. Les seules fois où c’est arrivé c’est lorsque mon agente de libération conditionnelle est venue me visiter. Je n’ai jamais de visite alors je me demandais qui ça pouvait bien être. J’ai appuyé sur le bouton pour laisser la personne entrer dans l’immeuble et je suis allé voir qui c’était. La porte de la cage d’escalier s’est ouverte et je me suis retrouvé face à une policière.
Si cela m’était arrivé à ma sortie de prison, j’aurais été très mal. Mais là c’était assez naturel, je me demandais ce que la policière faisait ici. Elle m’a dit qu’elle avait sonné à mon appartement car elle avait besoin d’entrer dans l’immeuble. Je suis retourné dans mon appartement et j’ai entendu un peu de remue-ménage. Des bruits de pas dans l’escalier et des cognements à une porte. Je n’ai rien entendu d’autre mais ça n’augure rien de bon pour la personne qui habite là. Comme nous ne sommes que des anciens détenus avec des conditions, il doit arriver que des gens « remontent » ici aussi. Ils ne sont peut-être venu que pour une urgence ou autre chose.
Ce n’est que lorsque je me suis retrouvé seul dans mon appartement que j’ai pris conscience que la vision d’un policier ne m’affectait plus autant. C’est vrai que c’était une policière souriante qui avait l’air désolée de m’avoir dérangé alors ce n’était pas très impressionnant. Je suppose que les choses se replacent lentement.
C’est sûr que ce n’est pas toujours facile. Il y a des journées où je suis plus déprimé car je suis triste d’en être réduit à vivre sur l’aide sociale après avoir travaillé si fort dans ma vie. Les gens de ma famille ou mes anciens amis mènent la vie que j’aurais dû normalement avoir alors ça me rend triste d’avoir de leurs nouvelles. Ils parlent de voyages, de leurs enfants, conjoints etc. Ça me rappelle tout ce que j’ai manqué et ce qui me manque encore dans ma vie. Je préfère ne pas penser à tout ça.