Il y a du bon monde
Dans mon dernier billet je m’en donnais à cœur joie sur les vomissures dont est remplie la société. Quand on est en prison on sait à qui on a affaire. Du côté « libre » de la clôture c’est différent. La racaille est partout, dans toutes les couches de la société. Il y a des gens hypocrites et il y a les gens qui ne se gênent pas pour montrer leur haine (leur manque d’intelligence). Les deux me donnent mal au cœur.
Je tiens quand même à dire qu’il y a du bon monde dehors.
Je suis sur reseaucontact. Ça me permet de rencontrer des gens car, comme je travaille à la maison, je n’ai pas beaucoup d’opportunité de le faire. J’ai dévoilé sur mon profil que j’avais fait de la prison. C’est tellement plus simple. Les femmes qui m’écrivent sont habituellement très intelligentes et intéressantes. Souvent des femmes m’écrivent juste pour me dire un mot gentil comme celui-ci que j’ai reçu samedi dernier:
J’ai lu toute votre description. Elle m’a touchée. Cela prend beaucoup d’humilité pour décrire votre vie sur ce réseau. Je suis touchée et émue à la fois. Je sais que dans tous les passages de notre vie quels qu’ils soient, difficiles ou heureux, on gagne, des leçons, des constatations… mais on gagne toujours… parfois on met juste plus de temps qu’il n’en faudrait pour le réaliser.
J’ai appris à dire merci à la vie, merci à ces gens qui nous font pleurer car ils nous font grandir aussi.
Bonne soirée 🙂
Quand je reçois des messages de ce genre (et j’en reçois plus qu’on pourrait penser) ça me rassure beaucoup. Quand j’étais en prison mes seuls contacts avec les gens de l’extérieur (à part ma famille) étaient avec des furoncles purulents, des excuses d’êtres humains. Ce qui m’a permis de garder ma santé mentale c’est de savoir qu’il y avait de bonnes personnes dehors. Des gens pour qui je n’étais pas la lie de la société. Des gens qui pouvaient voir plus loin que ce qui m’était arrivé.
Depuis quelques semaines je rencontre des gens et j’en reviens rempli. Je ne sais pas pourquoi mais les gens se confient à moi. J’entends toutes sortes d’histoires. La détresse n’est pas l’apanage des gens qui sortent de prison ou dans la misère financière. J’ai l’impression de faire de vraies rencontres. De parler à des vraies personnes.
Je reçois des courriels de parents, de conjoints, d’amis de détenus qui me disent que ce que j’écris les aide, qui ont des mots gentils et d’encouragements pour moi.
Dernièrement lorsque je suis revenu d’un rendez-vous, j’ai vu deux filles qui se tenaient main dans la main à la station Berri. Elles se regardaient dans les yeux. Elles se sont ensuite embrassées amoureusement et sont parties chacune de leur côté. C’était si beau de voir qu’aujourd’hui les gens peuvent se permettre d’agir ainsi. Quand les gens disent que la vie d’aujourd’hui est plus difficile, j’essaie de me rappeler des choses comme ça. Il y a des choses qui vont mieux. Il y a plus de tolérance.
Alors moi aussi je dis merci à la vie. La vie qui m’a envoyé des épreuves mais qui m’a amené où je suis, qui m’a amené à QUI je suis.
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