Criminel et pas en prison
Je sais que j’en parle souvent. Ces gens qui se croient supérieurs aux « criminels » et la seule chose qui les en sépare est la chance ou le fait qu’ils travaillent du « bon » côté de la justice. Il y a des policiers qui vont arrêter des gens sous de faux prétextes, des avocats qui vont frauder leurs clients, des agents de libération conditionnelle qui vont mentir dans des rapports seulement pour le plaisir de garder quelqu’un en prison plus longtemps.
Par exemple l’autre jour j’ai vu sur facebook quelqu’un qui se plaignait de se retrouver avec un dossier criminel parce qu’il avait conduit en dépassant « à peine » la limite d’alcool autorisée dans le sang (0,11 au lien de 0,08). Voilà son explication :
En fait, une fois j’ai bu un tout petit peu au dessus de la limite. Très très peu, comme tout le monde.
COMME TOUT LE MONDE! Dans le monde de la justice il n’y a pas de « un petit peu ». Tu commets un crime ou tu n’en commets pas. À l’écouter tout le monde conduit illégalement. Tu veux boire? Ne conduis pas!
Ça m’amène à deux histoires que je voulais raconter à propos de personnes que je « connais » qui ont commis des crimes sans être inquiétés.
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Lorsque j’ai été arrêté, Brigitte venait me visiter à la prison de Rivière-des-prairies. Elle habitait encore avec son mari (ce gars-là n’a tellement pas d’importance que je ne me souviens plus de son nom) mais ce n’était qu’en attendant que la maison de ce dernier soit terminée de construire.
Un jour j’ai appelé Brigitte à partir de la prison. Malheureusement c’est l’homme des cavernes qui a répondu au téléphone. Ce n’est pas quelqu’un de très évolué. Ce n’était pas ma faute s’ils se séparaient. Pourtant il semblait très fâché. Il s’est mis à crier et me dire qu’il allait m’arracher la tête et me tuer (je ne sais plus dans quel ordre 🙂 ) . Il a ensuite raccroché.
J’avoue avoir réfléchi à ça pendant quelques jours. Il aurait été très facile pour moi d’appeler la police et d’accuser cet homme de Neandertal de m’avoir fait des menaces de mort. Selon l’article 264.1 du code criminel, cela aurait pu occasionner jusqu’à 5 ans de prison.
En plus les conversations téléphoniques de la prison sont enregistrées. Comme il habitait à St-Hubert je me disais que ce serait amusant de le faire arrêter un vendredi soir pour qu’il passe la fin de semaine au poste de police de Longueil. Un séjour pas plaisant du tout. Je ne sais pas comment tout ça aurait terminé mais je sais que même s’il n’avait pas eu une condamnation au criminel, quelque chose serait apparu sur son plumitif. Et une fin de semaine de prison dans un trou accompagné de gens qui sont encore sous l’effet du PCP ou vomissent leurs tripes car ils sont malades, ce n’est pas une partie de plaisir du tout. L’emploi qu’il occupe présentement pour Desjardins lui aurait peut-être été refusé.
J’ai décidé de laisser les choses ainsi car Brigitte n’avait pas besoin d’un futur ex encore plus fou de rage ou avec un dossier. Le pire est que ce gars ne sait toujours pas que je lui ai rendu un grand service. Il est un criminel et il ne le sait même pas.
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Quelques années plus tard j’étais en prison aux États-Unis lorsque j’ai appris que toutes mes choses allaient être vendues à l’encan. Comme je n’avais été accusé de rien au Canada on ne pouvait rien me saisir mais la GRC a trouvé une autre raison : j’aurais dissimulé des revenus à Revenu Canada. Revenu Canada a tout saisi suite à ces fausses informations et je n’ai pas pu m’opposer car ils ont refusé de répondre à mes lettres.
J’ai appelé l’huissier (pas sûr que ce soit le bon mot) pour savoir ce qui se passait et il m’a expliqué qu’il ne prenait aucun plaisir à vendre les choses des gens ainsi. Pourtant une minute plus tard il m’a dit que normalement il ne vendait pas les meubles et les électroménagers mais vu que je n’habitais pas dans la maison, je n’en avais pas besoin. Je trouvais que ça avait l’air d’un gars qui prend plaisir à ruiner les gens ou qui reçoit une compensation financière de leur misère. Il n’est pas obligé de vendre certaines de mes choses mais il le fait quand même.
Donc presque tout a été vendu. Je l’ai appelé plus tard pour savoir s’il restait des choses et la marche à suivre pour les récupérer. C’était très clair. Je lui ai demandé si TOUT ce qui restait dans la maison était à moi. Il m’a dit OUI.
J’ai appelé ma famille et leur ai dit d’aller chercher les choses qu’ils voulaient. Il y avait des choses de valeur mais personne n’en voulait. Mon père avait déjà récupéré mes trucs personnels et mes sets de chambre et cuisine (l’huissier devait me laisser une valeur de 6000$).
J’ai contacté une connaissance et lui ai dit d’aller chercher ce qu’il voulait.
Un peu plus tard j’ai appelé mon ex qui était soudainement en panique : l’huissier accusait mes enfants de vol.
J’ai donc encore appelé ce huissier (c’est compliqué à partir d’une prison américaine). Il n’était pas content car certaines choses étaient disparues et il considérait que ça faisait partie de la maison. Il disait que mon aîné était responsable car il avait signé le document décrivant « l’inventaire » de ce qu’il y avait dans la maison.
Si ça peut servir de leçon à ceux qui lisent ces lignes, ne signez rien lorsqu’un huissier vient faire l’inventaire de ce que vous possédez, vous en devenez automatiquement responsable.
Je lui ai dit que mon fils habitait à Toronto et que lorsque cet « inventaire » avait eu lieu (longtemps auparavant), cet huissier avait appelé mon fils chez lui (mon aîné habitait près de chez moi à ce moment) pour qu’il vienne lui ouvrir la porte de ma maison. Mon aîné n’était venu que pour lui rendre service. Il n’était pour rien dans le « vol » de ces choses.
L’huissier s’est mis à dire qu’il appellerait la police pour faire accuser mon deuxième fils car il avait trouvé une carte d’autobus l’identifiant près de la porte de la maison.
Il me demandait de remettre les choses manquantes où elles étaient sinon il appellerait la police pour faire accuser mes enfants.
Moi : Est-ce que vous souvenez m’avoir dit que TOUT ce qui restait dans la maison était à moi?
Huissier : Oui.
Moi : Alors il était donc normal que je dise à quelqu’un d’aller chercher tout ce qui restait dans la maison?
Huissier : Je m’en fous.
Moi : Est-ce que vous voulez vraiment faire accuser mes enfants si ces trucs ne retournent pas dans ma maison? Vous savez que c’est du chantage?
Huissier : Oui je vais appeler la police. Ça ne me dérange pas de les accuser même si je sais qu’ils n’ont rien à voir là-dedans.
Moi : Est-ce que vous savez que, parce que je suis en prison, toutes nos conversations sont enregistrées? Que je peux avoir une confirmation officielle de tout ce que vous m’avez dit depuis le début de nos conversations?
Huissier : … (Long silence. J’entendais les rouages rouillés de son cerveau. À moins que ce soit du sable?)
Huissier : Comme cette conversation est enregistrée (il a vraiment dit ça mot pour mot), je demande seulement que telle et telle choses reviennent dans la maison et je ne ferai pas de problèmes.
Tu parles d’un enculé, un mange-marde, un trou de cul, un résidu de fausse couche, une raclure de fond de poubelle, un reflux de fosse septique, un agrégat pestilentiel de fientes purulentes, une face d’anus hémorroïdique, un buveur de lisier, un dégustateur de fange, un poster boy pour l’avortement! Un lécheur de rectum pourri qui me fait des menaces et qui s’attaque à mes enfants parce qu’il croit que je suis sans défense et qu’il peut abuser de la situation.
Ce qui est triste est que beaucoup de gens n’ont pas la facilité pour négocier avec ces sous-hommes, ces résultats de diarrhée.
Des gens comme cet avaleur de pus me donnent mal au cœur et il fallait vraiment que je sois optimiste pour avoir hâte de sortir de prison et rejoindre ce monde « normal ».
Les « codes » de la prison je les comprenais. Ce monde « extérieur » était rempli de fonds de fosse à fumier.
Salut, j’aimerais te parler en privé, j’aime beaucoup ton texte. Es ce que tu as trouvé une job maintenant ?