La recherche d’emploi et les contradictions du fédéral
J’ai un défaut qui rend ma vie difficile. J’essaie de comprendre ce qui m’arrive. Je me dis que si je comprends, je risque de retirer un enseignement de ce qui m’arrive et de ne pas refaire la même erreur. Comme on dit en bon québécois: « me coucher moins niaiseux à souère ».
Alors quand je suis avec des gens, j’essaie de me mettre à leur place car ils ont peut-être une raison pour agir ainsi et que ça m’amènera à avoir de la compassion. Malheureusement la vie est pleine d’imbéciles au comportement incompréhensible qui rendent donc ma vie insupportable à certains moments car je tords mon esprit dans tous les sens pour essayer de faire du sens de ce qu’ils me disent. Un jour je vais briser mon cerveau.
Avec le gouvernement qu’on a, mon cerveau travaille en temps supplémentaire. Juste à voir comment le ministre Herpes fonctionne, on voit bien que réfléchir ce n’est pas bien vu et ne peut que nous amener des problèmes.
Lorsque j’étais en prison aux États-Unis j’ai reçu des lettres du gendarme qui était responsable de la « garde » de mes biens saisis. Il avait écrit à ma compagnie d’assurance pour les aviser que j’avais été arrêté et que ma maison avait été saisie. La compagnie d’assurance a donc décidé d’annuler la police que j’avais avec pour résultat que la maison n’était plus assurée. Il m’a ensuite écrit, à la prison américaine, pour me dire que j’étais responsable pour la sécurité de ma maison. À l’automne il m’a encore écrit pour me dire qu’il était de ma responsabilité de garder l’entrée déneigée pour éviter que des voleurs s’aperçoivent que la maison n’était plus habitée et aussi donner accès aux pompiers.
J’étais fatigué de ces lettres stupides et j’ai appelé le gendarme en question. Je lui expliqué, qu’étant en prison à l’étranger, je n’avais pas tellement le contrôle sur ce qui arrivait à ma maison. Il m’a répondu qu’il savait que c’était stupide mais qu’il était obligé de suivre la procédure. J’ai trouvé ça triste. Il en était réduit à occuper un poste qui l’obligeait à faire des choses qu’il savait stupides. Il était rendu bien bas dans cette hiérarchie des imbéciles fonctionnaires fédéraux mais il avait le mérite de s’apercevoir qu’il n’y avait pas trop de logique dans ce qu’il faisait. C’est peut-être la raison pour laquelle il occupait ce poste: on le punissait d’avoir un peu de sens commun. Quand Herpes est le premier ministre, on se dit que la pyramide est à l’envers, les plus idiots se retrouvent dans le haut et ceux qui ont le malheur d’essayer de comprendre se retrouvent à laver les toilettes.
Présentement je suis en recherche d’emploi. On me dit que je ne peux pas postuler sur des postes au gouvernement fédéral parce que j’ai un dossier. Par contre on me demande de me trouver un emploi. Moi ce que je comprends est qu’il faut que je trouve une entreprise qui voudra d’un criminel alors que les mêmes gens qui m’obligent à trouver un emploi sont d’accord pour dire que je ne suis pas « employable ». Il faut que je trouve un gestionnaire d’entreprise et que je lui explique qu’il faut qu’il me fasse confiance avec sa propre entreprise et son propre argent alors que les gens du fédéral ne me font même pas confiance avec une entreprise qui ne leur appartient même pas.
Mais les fonctionnaires fédéraux ont la réponse: il ne faut pas dire que j’ai un dossier. Si on me demande ce que j’ai fait ces dernières années, il ne faut pas que je mente mais il ne faut pas que je dise que j’ai fait de la prison. Il faut que j’exagère les faits, que j’embellisse la vérité. Aux États-Unis j’enseignais le français une heure par semaine (seulement six mois par année), on a mis sur mon CV que j’ai été professeur de français pendant toutes ces années.
Je dois dire que je trouve ça très difficile. Je suis quelqu’un de transparent. J’ai commencé à donner des cours dans un collège privé (un contrat de deux semaines) pour des adultes et je dois toujours me retenir pour ne pas mentionner que j’ai fait de la prison. C’est tellement naturel pour moi, ça fait partie de moi, c’est qui je suis. Maintenant on me demande de cacher qui je suis, ce qui m’est arrivé. Je ne veux pas me vanter d’avoir fait de la prison mais quelques fois je m’aperçois que je suis sur le point de dire « je me suis inscrit sur facebook en sortant de prison » ou quelque chose du genre.
C’est comme si on m’obligeait à avoir un esprit retors alors qu’en même temps c’est ce qu’on reproche aux criminels.
Je suis quelques fois tenté d’écrire carrément sur mon CV que j’étais en prison. Je suis curieux de savoir ce que les gens de la Commission des libérations conditionnelles me diraient. Peut-on me « remonter » en prison pour avoir écrit la vérité sur mon CV?
On m’oblige à trouver un emploi parce que si je n’en trouve pas, il y a un trop grand risque de récidive. Par contre PERSONNE n’est capable d’expliquer ce que j’ai fait d’illégal. Pourtant la définition de récidive est:
En droit, la récidive est la réitération d’une infraction proche ou équivalente de la première après une condamnation.
Alors on a peur que je refasse le même crime que la première fois mais on ne sait pas ce que c’est. En fait moi je sais ce que c’est. J’ai eu la confirmation de la Commission des plaintes du public contre la GRC: Les rapports de continuation de la GRC confirment effectivement que M. Pelchat n’a pas exercé une activité illégale.
Ce qui les empêche de dormir la nuit, c’est que je recommence à ne pas commettre de crime. Ça serait grave si je recommençais à ne pas exercer une activité illégale.
Je peux comprendre que des gens soient obligés de suivre des procédures. Quand on me dit qu’on comprend ma frustration mais qu’il n’y a pas moyen de faire autrement même si c’est stupide, je suis très conciliant. Mais lorsqu’on essaie de me convaincre que tout ça a du sens et que je mérite ce qui m’arrive, c’est là que mon esprit commence à vouloir s’échapper. C’est comme s’il manquait d’oxygène à force de se faire étouffer par toutes ces conneries. Ça devient très frustrant de se faire sortir des phrases toutes faites qui ne correspondent pas à ma situation.
J’avais demandé pour rester en maison de transition mais on m’a dit que ça coûtait trop cher pour la société et comme on savait que je n’étais pas un risque pour la société, on m’a jeté dehors. Je ne crois pas que me « remonter » en prison seulement parce que je ne trouve pas d’emploi leur fasse économiser de l’argent.
Ce qui est frustrant est que je travaille fort pour me trouver un gagne-pain mais ces gens CHOISISSENT de ne pas me croire. Quand quelqu’un décide qu’on ment, il est difficile de le convaincre du contraire.
Avec tous ces bâtons que les anciens détenus se font mettre dans les roues, il leur est difficile de se réintégrer dans la société et c’est le gouvernement qui en est le premier responsable. Avec toutes ces nouvelles « idées » que le trio d’imbéciles (Herpes, MacKouille et Blanouille) met de l’avant, le fait d’avoir un passé criminel devient une tache indélébile. Et on encourage la société à nous voir comme ça. Ces idiots n’arrêtent pas de rabâcher que nous sommes moins que des êtres humains qui méritent d’être punis pour le reste de nos vies. Pourquoi des employeurs nous donneraient une chance?
Ça rend les choses si difficiles qu’on voit des gens retourner dans le crime car ils n’ont pas d’autres options (selon eux).
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J’ai commencé cette semaine à enseigner au collège. C’est pour des adultes de niveau collégial. On m’a demandé de faire quelque chose que je n’aime pas vraiment. Il faut que je prenne les présences et les gens risquent d’avoir un échec s’ils sont trop souvent en retard ou absent. J’ai dit carrément à mon patron que ça ne me plaisait pas de faire la police. J’ai pris les présences le premier jour et le patron est venu vérifier. Les autres jours je lui ai dit que tout le monde était là à l’heure (pas vrai du tout). Une fois j’ai terminé 10 minutes avant 13h00 et j’ai demandé aux gens s’ils avaient des questions. Personne n’en avait et ils travaillaient sur les ordinateurs. Deux minutes avant 13h00 un étudiant m’a demandé s’il pouvait s’en aller. Ben voyons donc! Va-t-en si tu veux.
C’est un peu stressant car c’est une école privée et il est donc important que tout le monde passe pour qu’ils continuent à payer pour continuer le programme. Alors s’il y a quelqu’un dans la classe qui ne mérite pas d’être là et qui ralentit tout le monde, il faut que je m’en occupe deux fois plus. Il faut que je lui pousse dans le cul pour qu’il se motive à faire ses devoirs etc. Quand j’étais professeur au CEGEP public, quand quelqu’un se pognait le cul, c’était lui le pire, je ne courrais pas après lui.
C’est quand même beaucoup de travail. Je me lève à 5h30 même si je ne commence qu’à 8h00 car je m’arrange pour partir beaucoup plus tôt au cas où il y aurait un problème de métro (c’est à une heure de chez moi). Je ne peux pas me permettre d’être en retard. Je parle devant la classe pendant cinq heures, c’est fatigant pour quelqu’un qui vit seul et qui n’a pas l’habitude de parler. Ensuite je reste un peu au cas où les gens auraient besoin d’aide. Lorsque j’arrive chez moi vers 14h30 (après encore une heure de transport) je mange rapidement et je prépare le cours du lendemain, corrige les examens et exercices, rédige des examens et prépare des exercices pour ceux qui en demandent (il paraîtrait que certains en ont besoin sinon ils ne pratiqueront pas ce que je leur ai montré). Je travaille ensuite sur un contrat de site Web que mon frère m’a donné.
Au travers de tout ça il faut que je m’occupe de répondre à toutes sortes de demandes de l’aide sociale, les prêts et bourses, obtenir une copie de mon « dossier » (qu’on refuse de m’envoyer) et essayer de me trouver des avocats pour mes problèmes légaux.
Je soupe habituellement vers 21h00, je prends un douche, regarde une émission de télévision en ligne (je n’ai pas de télé) pour relaxer une heure et me couche. Les pétales de ma fleur doivent être mal balancées.
Alors lorsqu’on m’a demandé de continuer de postuler sur des postes même si je travaillais, j’ai répondu que j’étais vraiment trop occupé. On m’a dit de rattraper ça la fin de semaine. Aujourd’hui j’ai donc appliqué sur vingt emplois, quelques fois trois ou quatre postes différents pour la même petite entreprise. Ça va probablement les mélanger un peu.
Pour la plupart des gens, l’informatique c’est de l’informatique mais, en fait c’est comme dire un traducteur c’est un traducteur. On ne peut pas être traducteur du russe au chinois si on ne parle pas les deux langues. Alors ces employeurs doivent regarder mon CV et se dire que je suis un bel imbécile si je crois être bon dans tous ces domaines surtout si rien n’y correspond dans mon CV.
Il y a quelques jours quelqu’un a appelé mon frère parce qu’il a plusieurs sites web à faire faire. Ça fait des années qu’il fait affaire avec mon frère et il ne lui donnait pas ce genre de travail auparavant car mon frère est bon en design mais pas en programmation. Dernièrement nous avons fait des sites que le gars trouve très beaux. Il veut donc nous donner plus de travail. Il y en a surtout un gros qui occuperait beaucoup de mon temps. Ce gars-là sait que j’ai déjà fait de la prison et il s’en fout. Il sait que sans moi mon frère ne pourrait pas faire ces contrats (et je ne pourrais pas les faire sans mon frère). Alors il a demandé à mon frère si c’était sûr que j’étais disponible dans les prochains mois. Quand il se fait poser des questions comme ça mon frère ne sait pas trop quoi répondre. S’il accepte un contrat et que me retrouve en prison pour une raison quelconque, il va se retrouver dans le caca par-dessus la tête.
Mais que voulez-vous, je fais ce qu’on me dit de faire. Il parait que c’est pour mon bien et que ça va m’empêcher de « récidiver ».
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