Les bandits ne sont pas tous en prison (2)
Au début de décembre 2013 je suis allé au bureau de l’aide juridique car j’ai des difficultés avec Revenu Canada et Revenu Québec. J’ai rencontré une dame qui m’a posé plein de questions à propos de mes finances, pourquoi j’avais besoin d’aide etc. Je lui ai ensuite envoyé les documents qu’elle m’avait demandés.
J’ai fini par recevoir une lettre de refus sous prétexte de « peu de chances de succès ».
J’ai été obligé de faire appel de cette décision auprès de la Commission des services juridiques. J’ai envoyé la lettre pour mon appel à la fin de décembre.
En janvier on m’a avisé qu’il y aurait une audience pour entendre mon « appel ». Il fallait que je reste chez moi car cette audience serait téléphonique. Bien entendu cela est tombé le jour où j’avais un examen. Je n’ai donc pas pu aller à mon examen.
Quand il m’arrive des choses comme ça, il y a toujours des gens qui me donnent des « solutions ». On me dit que j’aurais pu m’arranger avec mon professeur etc. Je sais qu’il y a toujours des solutions mais si je faisais tout ce qu’il est possible de faire pour chacun de mes problèmes, je n’aurais pas assez d’heures dans une journée. De toute façon, manquer un examen est très grave, c’est au niveau du département que ça se passe et je n’ai pas envie d’aller raconter à tout le monde ma vie personnelle. J’ai déjà vu quelqu’un qui avait manqué un examen et qui avait été obligé de le reprendre la session suivante. Ça veut dire qu’il faut se souvenir de la matière tout ce temps.
J’ai aussi eu un examen pratique lundi matin. C’était pour le cours de développement Web avancé. Dans ce cours ça va bien excepté que j’ai aussi manqué un cours important quand je suis passé devant la Commission des libérations conditionnelles. C’était justement un atelier qui permettait d’installer notre serveur etc. Je croyais que tout fonctionnait bien et je connaissais la matière mais lorsque j’ai voulu « tester » mon programme, il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas qui devait être arrangé par l’administrateur. Ce n’était pas ma faute si ça ne marchait pas mais j’aurais dû m’en apercevoir car le jour où j’étais absent les autres ont testé cette fonctionnalité.
J’ai donc eu cette audience jeudi dernier. Les gens qui me parlaient au téléphone ont commencé à me dire qu’on m’avait refusé l’aide parce qu’il y avait peu de chances de succès et que j’aurais refusé de transmettre des documents financiers. Je n’avais jamais entendu parler de cette dernière raison. Ils m’ont dit que l’aide juridique m’avait envoyé une lettre le 12 janvier, donc après que j’aie fait appel. Je n’avais jamais reçu cette lettre. Et, surtout, je n’avais jamais refusé de donner des documents. J’ai donné tous les documents qu’on m’avait demandés. Pourquoi se sont-ils sentis le besoin d’ajouter une raison pour le refus? Ils m’ont refusé en décembre 2013, m’ont écrit que le dossier était clos et que je pouvais faire appel à la Commission des services juridiques. Soudainement quelqu’un s’est senti le besoin d’ajouter une autre raison pour me refuser. Je ne comprends vraiment pas comment ces gens fonctionnent.
Une décision a finalement été rendue par la Commission. Ils retournent mon dossier à l’aide juridique et il faut que je réapplique. Encore une demi-journée perdue pour aller à leur bureau et du temps pour trouver les documents qu’ils me demanderont. Il paraîtrait qu’il va falloir que je prouve que j’étais en prison etc.
Ce sont des situations comme ça qui me font douter de ma santé mentale. Suis-je devenu fou ou est-ce que tout le monde est devenu stupide tout à coup? Je me suis toujours dit que lorsque quelqu’un pense que le problème c’est les autres, habituellement, c’est lui le problème.
Le gouvernement m’occasionne des problèmes qui n’ont pas de sens. Par exemple on me demande de payer environ 500 000$ de taxes de ventes sur des produits que j’aurais vendus en 2001 et 2002. À deux reprises j’ai écrit à Revenu Québec, à partir de la prison américaine, pour expliquer que les clients n’avaient pas à payer de taxes de ventes car aucun produit n’a été expédié au Canada. Je n’ai jamais eu de réponse.
Lorsque je suis sorti de prison je suis allé directement au bureau de Revenu Québec. Tout ça était tellement bizarre. J’étais assis avec la dame pour savoir ce qui se passait dans mon dossier et elle m’a tout à coup dit qu’une note avait été ajoutée le jour même disant que je sortais de prison en novembre 2015. Elle trouvait étrange que je sois devant elle. C’était en effet ma date de libération prévue si j’avais fini ma sentence aux États-Unis. Je n’ai pas réussi à savoir qui avait écrit ça dans mon dossier. C’était une bizarre de coïncidence. Elle m’a ensuite dit que mes lettres avaient été reçues pour mon problème de taxes de vente mais que l’opposition avait été annulée. Je devais donc payer cet argent et on ne peut pas faire faillite sur des taxes de vente. Depuis que j’ai appris que ces organismes ont des quotas, je comprends mieux ce qui m’arrive. Lorsque ces gens ont vu que j’étais aux États-Unis et que je ne pouvais pas me défendre, il leur était facile de prendre absolument n’importe quelle décision farfelue dans mon dossier.
Alors j’essaie de régler ce problème mais j’ai besoin de l’aide juridique pour me défendre face au gouvernement. Mais maintenant il faut que je me batte contre l’aide juridique. Ça ne finit jamais.
Je suis déjà passé par là. Quand j’avais tous ces problèmes aux États-Unis, j’ai écrit à l’aide juridique à plusieurs occasions et on ne me répondait pas. J’ai écrit à la Commission des services juridiques pour faire bouger les choses : « comme je n’étais plus résident du Québec, je n’avais plus le droit à l’aide juridique ». Comme si j’avais choisi de ne plus habiter au Québec. Alors si la GRC vient vous prendre et vous livre aux autorités américaines alors que la procédure juridique n’est pas terminée, personne ne sera inquiété car l’individu n’a plus de recours. À moins qu’il paie de sa poche. Mais c’est simple, on n’a qu’à saisir son argent illégalement en ne lui envoyant pas d’avis de cotisation. Il n’aura plus un sou et il n’aura pas le droit à l’aide juridique.
Si vous voulez faire un coup d’argent, c’est quelque chose de simple à faire. Vous trouvez une personnne qui a encore de l’argent à la banque, une maison, des REER etc. Il faut qu’elle soit dans une prison d’un autre pays comme ça elle ne pourra pas revenir. Vous inventez un prétexte quelconque (ça n’a même pas besoin d’avoir de l’allure) pour expliquer pourquoi elle vous doit de l’argent. Il sera ensuite simple de tout confisquer son argent et vendre ses biens à l’enchère sans qu’elle puisse faire quoi que ce soit. Si ça vous semble impossible, dites-vous que c’est ce qui m’est arrivé. Je n’étais pas heureux lorsqu’on m’a extradé alors que j’étais sûr de gagner ma cause mais je pouvais au moins rêver au moment où je reviendrais dans ma maison et mes affaires avec un peu d’argent pour me permettre de repartir à neuf. On m’a enlevé ça aussi.
Maintenant j’habite en chambre. Je gagne à peine de quoi survivre en mangeant de la nourriture du Dollarama et je devrai rembourser la moitié de cet argent quand je terminerai l’école. Je ne pouvais pas rêver à ce qui m’attendait lorsque j’étais en prison mais j’avais l’espoir que ce serait mieux que ça.
Les gens me demandent souvent comment j’ai pu avoir tant de problèmes si je n’avais rien fait d’illégal et même après que la police me l’ait confirmé (et me le confirme encore). Cette histoire est un parfait exemple. Non seulement j’ai des problèmes légaux de toutes sortes, mais quand j’essaie de résoudre la situation en demandant de l’aide je suis réduis à me battre contre ceux qui sont supposés m’aider.
Lorsque je suis arrivé aux États-Unis j’ai eu un avocat qui, même s’il n’était pas très compétent, était bien gentil. Il m’a dit un de leurs dictons : « Tout le monde déteste les avocats jusqu’à ce qu’ils en aient besoin ». Je lui ai répondu qu’ensuite, ils avaient une bonne raison pour les détester .