Le BS, chapitre 3
J’ai appliqué pour recevoir l’aide financière de dernier recours le 31 juillet (le BS). Depuis on me demande toutes sortes de papiers (qui garde tous ses reçus du mois précédent?) que je n’ai pas ou difficile à trouver.
Lundi de la semaine dernière je suis allé porter d’autres documents qu’on me demandait. Je devais recevoir une réponse cette semaine.
Tout ça est compliqué parce que j’ai déjà déclaré que j’étais travailleur autonome. Je n’arrive pas à me trouver un emploi alors je m’organise pour me trouver des contrats. Comme ça fait quatre mois que je n’ai pas de revenus et que cette histoire de travailleur autonome rend ma vie compliquée, j’ai écrit dans leurs formulaires que je ne l’étais plus.
Je viens de recevoir un appel. Une dame s’est mise à me poser plein de questions. C’était étourdissant. Elle a commencé par me demander si j’accepterais si quelqu’un m’offrait un contrat. Là ça spinnait dans ma tête. J’avais écrit que je n’étais plus travailleur autonome et là elle me demandait si j’accepterais un contrat. Si je dis oui, ça fait de moi un travailleur autonome. Si je dis non, ça fait de moi un esti de bandit qui veut profiter du BS et se pogner le cul. Je ne suis pas habile pour ces conversations. J’ai donc fait comme d’habitude, j’ai dit la vérité. C’est moins compliqué pour mon cerveau un peu simplet.
« Ben oui, c’est sûr que je vais accepter. Je veux manger. Le BS c’est pas le Klondike. »
Elle s’est mise à me poser plein de questions par rapport à mes clients. En fait je n’en ai eu que trois. Il y a eu une école, un client qui a mis les clés dans la porte et mon frère.
Elle m’a ensuite expliqué pourquoi elle posait toutes ces questions. C’était pour déterminer si j’étais vraiment travailleur autonome. Elle considérait mon travail pour l’école comme du travail salarié et comme je n’avais eu que deux autres clients, elle a décidé que c’était plutôt du travail salarié.
Ce qui l’a surtout décidé, c’est que je ne fais pas de recherche de contrat. Elle a vérifié sur le web et n’a vu aucune publicité.
Et là elle m’a dit quelque chose qui m’a jeté sur le cul : si on m’avait considéré travailleur autonome, ces gens auraient fait une moyenne de mes revenus des derniers 12 mois pour calculer mes prestations des prochains 12 mois. J’ai eu environ 10,000$ de revenus dans les derniers 12 mois (je n’ai pas mis toutes mes dépenses car on m’aurait demandé les reçus etc. et je m’imaginais que 10,000$ en un an ne m’enlèverait pas mon droit à recevoir de l’aide sociale). Selon elle, ce 10,000$ en étant travailleur autonome m’aurait enlevé le droit de recevoir de l’aide sociale (même si je n’ai pas de revenus depuis quatre mois). Mais comme elle me considérait salarié, ça serait probablement OK.
La décision finale est réservée à l’agente à mon dossier. Si elle refuse, ce sera pour une autre raison.
Pour moi tout ça n’a pas de crisse de bons sens. Si j’ai un emploi où je gagne un bon salaire et que je le perds, j’ai droit à l’aide sociale. Si je n’ai pas d’emploi et que je me casse le cul pour gagner ma vie en faisant de la recherche intense de contrats pour me débrouiller sans aide sociale, je suis pénalisé. Si je reste à la maison à me pogner le cul, le BS ne me fera pas de problème.
Je ne me pogne pas le cul, je recherche activement un emploi. C’est que c’est difficile et lorsque j’étais débordé par le travail, c’est sûr que mes recherches ralentissaient.
J’avoue que je trouve souvent la vie compliquée. En plus les banques alimentaires ne veulent pas me donner à manger car je n’ai pas d’aide sociale. C’est un cercle vicieux. Vraiment le gouvernement a le tour de me faire tomber dans les failles du système. J’avais un agente de libération conditionnelle qui me disait que j’avais profité d’une faille dans la loi mais c’est plutôt le gouvernement qui a profité de toutes les failles du système juridique pour me faire faire de la prison illégalement.
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