La bureaucratie et le lâcher prise
Je suis quelqu’un qui déteste la paperasserie. Ça ne fait que me distraire de l’important (pour moi), de ce que j’aime faire, mon côté givré et créatif. Alors quand je dois remplir 50 formulaires et qu’on me fait tourner en rond pour des conneries, ça me fait complètement capoter.
Les choses commencent à se placer pour moi mais je pensais toujours à faire des poursuites contre le gouvernement pour tant de raisons que je ne peux toutes les mettre ici mais il y a :
- le fait qu’on m’ait arrêté lorsqu’on savait que je n’avais commis aucun crime et qu’on a même menti en conférence de presse pour justifier mon arrestation;
- Revenu Canada qui a décidé de ne pas m’envoyer d’avis de cotisation avant de tout me saisir et qui ensuite refuse de me dire pourquoi on m’a tout saisi;
- Harper qui change des lois rétroactivement en faisant retarder ma libération complète de 19 mois.
Mais tout ça c’est compliqué même si ce sont des millions de dommages qu’on me doit. Je songeais à tout laisser tomber car mes choses commencent à s’améliorer et ça m’épuise de penser à tout ça.
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Il y a une compagnie étrangère avec qui je faisais affaire il y a très longtemps et qui est en liquidation. Ces gens me doivent de l’argent depuis 2000. Je remplis des formulaires, affidavit etc. depuis tout ce temps. À partir de la prison ce n’est pas toujours évident (très compliqué). Je croyais vraiment que je ne verrais jamais cet argent. Il y a quelques semaines on m’a avisé qu’il a été décidé que les créditeurs recevraient 10 sous par dollar. Ça ne ferait pas un gros montant mais pour quelqu’un qui gagne 600$ par mois, ça ferait du bien.
On demandait deux preuves d’identité avec photo issues par le gouvernement ainsi qu’une facture d’utilité. J’ai envoyé une copie de ma carte de libération conditionnelle, ma carte d’assurance maladie et une facture pour mon Internet.
On m’a répondu que ça prenait une facture en anglais. J’ai réussi à obtenir une facture en anglais de mon fournisseur. On a refusé mes preuves d’identité parce qu’ils veulent un passeport ou un permis de conduire. Je n’ai pas le droit d’avoir de passeport et je n’ai pas de permis de conduire. Après m’être présenté deux fois à la S.A.A.Q. j’ai réussi à avoir un rendez-vous pour les examens théoriques. Je n’avais pas besoin de faire un cours car j’ai eu un permis pendant 30 ans. On m’a fait attendre pendant une heure et demie jusqu’à ce que je me tanne et qu’on finisse par s’apercevoir qu’on m’avait « oublié ». On m’a dit de me dépêcher à faire les examens car ils fermaient bientôt. Le premier examen était facile mais j’étais pas mal sous pression jusqu’à ce que j’arrive au deuxième examen où j’ai raté deux questions au tout début car je ne prenais pas assez le temps de lire ces questions où on voyait 6 voitures et on me demandait quelles étaient en infraction. Peut-être que les gens qui suivent des cours comprennent ces dessins mais pour moi ce n’était pas évident et il fallait que je me dépêche. Est-ce que c’était A avec les voiture 1,3,6 ou B avec 1,3,4,6 ? Le dessin que je voyais sur l’asphalte, est-ce que c’était supposé être de la glace? Bien entendu je me suis rendu à la dernière question et si je l’avais je passais. Eh non, même si ma lumière clignote jaune et que la lumière dans l’autre sens est rouge, il faut que je laisse le motocycliste passer (j’ai fini par comprendre que, parce que la roue de la moto était sur la ligne d’arrêt, ça signifiait qu’elle était en mouvement et qu’il fallait que je la laisse passer).
Bien entendu il a fallu que j’attende une autre demi-heure pour me faire dire que j’avais eu un échec et qu’il fallait que je revienne une semaine trop tard pour obtenir mon argent de l’étranger.
Pendant ce temps j’ai commencé à travailler comme un fou à la pige pour quelqu’un. Je dois même refuser du travail. Ce qui me stresse est que je n’ai pas encore reçu de paiement. C’est normal car je viens juste de commencer mais si jamais il décide ne ne pas me payer, je me retrouve dans la merde jusqu’au cou car l’aide sociale se base sur ce que j’ai facturé et non pas ce que j’ai reçu. Il y a aussi les libérations conditionnelles qui me mettent de la pression pour que je travaille alors si je ne reçois pas d’argent ils penseront peut-être que je leur ai menti ou me diront qu’ils ne veulent plus que je travaille à la pige.
Le gars qui m’emploie m’a dit qu’il voulait m’envoyer de l’argent mais qu’il voudrait que ce soit par transfert électronique car c’est plus simple pour lui (pour moi aussi). Le problème est que la banque que j’utilise n’accepte pas les transferts Interac. Je suis donc allé à une autre banque hier pour ouvrir un compte. La dame m’a demandé des preuves d’identité, a tapé des informations dans son ordinateur et m’a dit qu’il fallait que je prenne rendez-vous. Ça a donc été remis à aujourd’hui.
Je suis retourné à la banque cet après-midi. Je n’ai même pas eu le temps d’expliquer ce que je voulais ou de montrer mes cartes d’identité, on m’a remis des formulaires à signer qui disaient que je ne pouvais pas faire affaire avec cette banque. On ne savait pas pourquoi, seulement que le lien de confiance était brisé. Moi je sais pourquoi, la GRC (encore) a saisi un compte que j’avais à cette banque en 2002. Je ne sais pas ce qu’ils ont pu raconter à ces gens.
Ce qui veut dire qu’il y a maintenant trois banques avec qui je ne peux pas faire affaire parce que la GRC a saisi de l’argent que j’y avais en 2002. Que la GRC ait été obligé de me rendre cet argent (que Revenu Canada a ensuite saisi) ne change rien pour ces gens, ils ne le savent même pas et s’en foutent.
Donc alors que je pensais laisser tomber ces poursuites contre la GRC et le gouvernement d’imbéciles pour pouvoir avoir une vie tranquille, je m’aperçois que je ne pourrai jamais avoir la paix, il y aura toujours quelque chose. Je ne serai jamais libre.
Alors que je pensais lâcher prise pour enfin mener une vie normale, je me suis fait rappeler que ce ne serait jamais terminé, que même dans cinq ans il arriverait des événements qui me diraient que je ne suis que la « bitch » de la GRC, que j’ai laissé ces gens me la mettre profondément et que je les laisse s’en sortir comme ça.