Encore des bonnes nouvelles et l’efficacité de la GRC
Je commence par faire un petit résumé de certains de mes problèmes avec la GRC.
Depuis août 2013 j’essaie d’obtenir une copie de mon « dossier criminel ». On m’a dirigé auprès d’une compagnie privée (Les Commissionnaires) qui a pris mes empreintes digitales et envoyé ma demande à la GRC. On m’a dit que s’il y avait quelque chose sur mon dossier, cela pourrait prendre plusieurs mois. Ça m’a coûté près de 100$. Neuf mois plus tard j’ai contacté la GRC pour savoir ce qui se passait. On m’a répondu que parce je n’avais pas précisé pour quel emploi j’avais besoin de ce « dossier », ils avaient retourné ma demande aux Commissionnaires. Bien entendu ces derniers me disent qu’ils n’ont jamais été avisé de quoi que ce soit.
J’ai recontacté la GRC pour savoir comment faire pour obtenir mon « dossier ». On m’a dit de faire une demande de renseignements personnels. La dame m’a expliqué où trouver le formulaire sur le site web de la GRC. J’ai donc envoyé le formulaire. Quelques semaines plus tard j’ai reçu une lettre de la GRC qui m’avisait que je ne m’étais pas adressé au bon endroit. Ils m’ont envoyé une procédure à suivre pour obtenir mon « dossier ». C’était la même chose que j’avais fait il y a près d’un an!
J’ai encore envoyé un courriel à la GRC pour les aviser qu’il n’était pas question que je recommence ce processus à nouveau, que je paie encore 100$ et qu’à la fin on ne me réponde même pas. J’ai demandé comment obtenir mon « dossier » pour de vrai. Cela fait quelques semaines et je n’ai pas eu de réponse. L’efficacité de la GRC en pleine (in)action.
J’ai déjà expliqué que je m’étais informé à plusieurs reprises auprès de la GRC (et Santé Canada) pour m’assurer de la légalité de mes activités avant de démarrer mon entreprise. On m’a toujours dit que c’était légal. On a quand même fini par m’arrêter. En conférence de presse la GRC a déclaré que toutes nos activités étaient légales excepté le fait qu’on mettait des recettes pour fabriquer une drogue dans des colis. Ces gens avaient saisi près de 500 colis la semaine précédant notre arrestation et aucun ne correspondait à cette description. On savait, avant de m’arrêter, que je n’avais commis aucun crime.
J’essaie donc, depuis des années, d’obtenir une confirmation de la GRC à propos de ces recettes dans les boîtes. Une gendarme m’a appelé pour me dire que je n’obtiendrai jamais cette information car ça prouverait que la GRC a mal agi. Bien entendu ces gens ne m’écrivent pas, ils préfèrent me parler au téléphone, ça ne laisse pas de trace.
Il y a près de deux ans, j’ai fait une plainte officielle auprès du Commissariat à la protection de la vie privée à propos de la GRC. Ces gens sont responsables de l’accès aux renseignements personnels détenus par les agences fédérales. J’avais commencé bien avant mais c’est très long avant qu’ils décident d’enregistrer officiellement une plainte.
Donc vendredi dernier j’ai reçu deux lettres du gouvernement. Je ne suis jamais pressé d’ouvrir ces lettres car, habituellement, elles me fâchent. Je me doutais du contenu de celle de Revenu Québec mais on ne sait jamais. Ces gens me confirmaient par écrit que je ne leur devais rien en taxes de ventes (au lieu des 340 000$ qu’on me réclamait auparavant).
La deuxième lettre venait du Commissariat à la protection de la vie privée. J’avais bien peur d’être en colère après l’avoir lue.
Soyez avisé que l’enquête est toujours en cours. Nous avons reçu jusque-là deux représentations de la part de la GRC et nous lui avons demandé de faire des représentations additionnelles qui couvriraient tous les points soulevés par l’enquête.
Je comprends que la GRC essaie encore de ne pas répondre à ce que je demande mais ce qui me rassure est que le Commissariat semble déterminé à obtenir des réponses. Jusqu’à maintenant ça n’augure pas mal. Ce n’est pas le genre de réponse que le ministre Blanouille m’a donnée: « la GRC m’avise qu’ils vous ont déjà répondu. » Mais oui imbécile, ils me répondent qu’ils ne me répondront pas.
C’est important car dès que j’aurai une confirmation qu’il n’y avait pas de recette dans les boîtes, j’aurai la preuve qu’on m’a arrêté illégalement, qu’on savait que je n’avais enfreint aucune loi et décidé de m’arrêter quand même. À ce moment là, je serai prêt à les poursuivre de belle façon. Comme ces gens ont déclaré à Revenu Canada que je gagnais près de quatre millions par année, c’est beaucoup de manque à gagner depuis 2002. Je ne peux pas croire que ces gens soient tous aussi stupides lorsqu’ils commencent à travailler pour la GRC. Ils doivent avoir un genre de formation spéciale qui les rend idiots.
Hier, j’ai eu deux autres bonnes nouvelles. J’ai reçu une autre lettre de Revenu Québec. Je ne sais pas pourquoi mais ils ont décidé qu’ils me devaient de l’argent à propos des taxes de ventes de 2001. Cette décision-là, je ne la contesterai pas. C’est un petit chèque mais quand même de quoi pouvoir enfin me payer un vrai ordinateur avec un vrai moniteur.
Il y a aussi un avocat qui m’a contacté à propos de mes problèmes fiscaux. Il voulait prendre rendez-vous. J’avais eu des difficultés avec l’aide juridique qui avait refusé d’accepter mon dossier et il avait fallu que je fasse appel de leur décision. Ça a pris beaucoup de temps mais ça a fini par débloquer.
Tout ça me rend triste pour les gens qui n’ont pas les mêmes moyens que moi ou l’énergie que j’ai dû y mettre. J’ai commencé tout ça pendant que j’étais en prison. Alors que les autres avaient leurs boîtes pleines de nourriture, les miennes étaient pleines de documents et de livres sur la loi. Alors qu’ils dépensaient leur argent sur des gâteries, je le dépensais en ruban de dactylo (Eh oui on utilisait des dactylos), photocopies, timbres, enveloppes etc. Alors qu’ils s’amusaient, s’entraînaient ou écoutaient la télé, je travaillais sur mon dossier. C’est très fatiguant lorsque les rares réponses que tu reçois ont été écrites par des imbéciles.
Le temps en prison aurait été plus facile si j’avais vraiment commis un crime. Les conséquences sont plus faciles à accepter. Me faire jeter en prison après n’avoir rien fait d’illégal a été difficile. Au début il y avait la rage qui m’habitait mais surtout la tristesse sur ce qui m’était arrivé, le temps et les amis perdus. Et je pouvais difficilement me détendre car il fallait que je me batte contre une grosse machine pilotée par une bande de cro-magnons. Difficile de leur faire comprendre le bon sens.
C’est aussi difficile à la sortie quand on me met toutes sortes de conditions car on a peur que je « recommence » alors que même les commissaires sont d’accord pour dire que je n’ai pas commis de crime. On m’oblige à me trouver un emploi mais on m’empêche d’en trouver un.
Il y a toujours quelqu’un pour me dire que même si je n’ai commis aucun crime, il fallait que je m’attende à subir des conséquences parce que je faisais trop d’argent facilement. Comme si c’était normal de faire de la prison lorsqu’on n’a rien fait d’illégal et que c’est moi le méchant dans cette histoire. Maintenant faire de l’argent est un crime. Je me dis que je m’adresse en français à un gorille alors ça ne donne rien d’essayer de leur faire comprendre que ce qu’ils disent n’a pas de sens.
Mais il me semble que les choses s’améliorent, que le bout du tunnel approche. J’entrevois la lumière. J’ai bien hâte de voir ce qui m’y attend. Je sais que je ne serai pas déçu. M’imaginer ce futur m’a permis de survivre, de garder espoir et continuer à me battre.
Il y a une chose qui est sûre: dans moins de deux ans ma sentence sera officiellement terminée et on arrêtera de me rappeler que ma liberté est un « privilège » et qu’on peut me retourner en prison n’importe quand.
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