Un jour je marchais dehors avec un gars du Nouveau-Brunswick qui devait quitter quelques semaines plus tard. Il m’a dit que le paradis était à 100 pieds de l’autre côté de la clôture. Je lui ai répondu de ne jamais l’oublier lorsqu’il serait à 1000 milles de l’autre côté. On oublie trop vite lorsqu’on est libre que tous les petits plaisirs de la vie sont en fait des privilèges. Voir les gens qu’on aime à tous les jours, se faire toucher, quitter un endroit lorsqu’il y a des gens qu’on n’aime pas, choisir le poste de la télévision, goûter une fraise, s’asseoir dans un fauteuil confortable…
Un soir de décembre je marchais dans la cour alors qu’il faisait noir. C’était assez rare car la cour était habituellement fermée lorsqu’il n’y avait pas assez de lumière dehors. Il y avait un gars qui regardait au loin et je lui ai demandé ce qu’il regardait. « I’m watching people going on with their life. » Normalement on ne voyait pas très loin car on était vraiment loin de tout et entourés d’arbres (on voyait des chevreuils, des lièvres et des dindons sauvages) mais à ce moment-là il n’y avait pas de feuilles dans les arbres. Comme c’était sombre, on voyait au loin les lumières des voitures. Le gars m’a expliqué qu’il s’imaginait à la place de ces gens dans leur voiture qui revenaient de travailler et qui se demandaient ce qu’ils mangeraient pour souper, qui arrêtaient à un STOP et qui devaient choisir s’ils tournaient à gauche ou à droite. Des choses simples qu’on prend normalement pour acquises mais qu’on ne pouvait pas faire. C’est drôle comme des réflexions comme ça peuvent changer ma façon de voir les choses.
À partir de ce moment, à chaque fois que j’écrivais à quelqu’un, je finissais ma lettre en rappelant aux gens de bien profiter du paradis.