Mes premiers jours de liberté « totale »
J’ai déjà écrit que mes premiers jours de liberté « totale » ont été stressant. J’avais beaucoup à faire tout en ne pouvant pas me permettre de prendre des journées de congé car je vais à l’école.
Après quelques jours ici je dois dire que j’adore être à proximité d’une station de métro. Je pars de la « maison » et je suis dans ma classe à l’université en moins de 20 minutes. Le marché (et le Dollarama ) sont à 6 minutes de marche. Les autres gars ici sont très tranquilles, je ne les entends jamais. Si ça coûtait moins cher, que les gars ne fumaient pas et que je pouvais amener des gens (une à la fois) à coucher, ça serait presque parfait . Je ne suis ici qu’en entendant que l’autre appartement se libère. Par contre ce dernier est pas mal plus loin mais il n’a pas les autres inconvénients.
Je me réhabitue tranquillement à cette vie. À la maison de transition je n’avais pas à me soucier des repas, il y avait toujours à manger. Le matin, avant de partir pour l’université, je prenais un lunch qui était prêt. Pour déjeuner on pouvait manger du yogourt, des céréales, des rôties, des œufs etc. Pour le soir on n’avait qu’à se faire chauffer un repas que le cuisinier avait préparé dans le jour. Et c’était vraiment des bonnes choses: du vrai saumon ou autre poisson avec une sauce aux lentilles, des pâtes aux fruits de mer et des choses plus ordinaires. Rien que j’ai les moyens de me payer maintenant. Je n’ai encore aucune idée de combien va me coûter la nourriture mensuellement alors je fais très attention. Jusqu’à maintenant j’ai surtout mangé des pâtes et du thon.
C’est quand même bien qu’il n’y ait personne qui surveille quand je rentre ou je sors. Pour la première fois depuis des années je peux barrer la porte de ma chambre et personne ne peut entrer par surprise. C’est tellement bizarre ça que l’autre jour j’étais à l’université dans une salle d’étude et lorsque j’ai voulu sortir j’ai été confus pendant quelques secondes: il y avait un bouton pour barrer la porte au-dessus de la poignée et je ne savais plus qu’est-ce que je devais tourner pour seulement ouvrir la porte. Sérieusement, la première fois j’ai tourné le bouton pour barrer la porte. Ça sonne vraiment stupide quand je le raconte.
J’ai des cours le vendredi soir et lorsque je suis revenu hier soir, je suis allé faire quelques courses au Dollarama. Je n’aurais jamais cru qu’un jour je m’achèterais à manger au Dollorama mais en fin de compte, ce n’est pas si mal.
Il était tard, je n’avais pas encore mangé et j’étais fatigué. Je suis pas mal sous pression car j’ai pris du retard à l’école, il faut que je me trouve un emploi, je n’ai pas les moyens de me payer l’endroit où j’habite et mon agente me demande de sortir plus, de me faire des amis.
Je marchais dans la rue avec mes achats et j’ai passé devant un petit restaurant avec une vitrine et j’ai vu les gens à l’intérieur qui s’amusaient entre amis. C’est difficile quelques fois. Je vois les gens se payer des petits luxes et ça me manque. J’espère qu’ils se rendent compte qu’ils sont privilégiés. Pas seulement financièrement mais surtout d’avoir des gens dans leur vie avec qui partager leurs joies, leurs tristesses, leurs plans d’avenir. Des amis à qui ils peuvent dire vraiment comment ils se sentent sans avoir à leur cacher ce qu’ils ont fait les dix dernières années.