Le bonheur et les options
J’adore les Ted Talk. C’est super intéressant et j’apprends beaucoup. Souvent ça explique, avec des données, des choses que je comprenais sans pouvoir l’expliquer.
Lorsque je rencontre quelqu’un sur un site de rencontres avec qui ça devient plus sérieux, je me retire ou avise les gens sur le site que je ne suis pas disponible car je veux explorer ce que je suis en train de vivre et ne pas être distrait.
On l’explique un peu dans une étude qui a été conduite avec des étudiants de Harvard :
On a envoyé les étudiants avec un appareil photo et ils pouvaient prendre des photos de ce qu’ils voulaient. À la fin les étudiants ont choisi deux de leurs photos qu’ils préféraient. Les organisateurs ont ensuite imprimé de très grands formats de ces deux photos.
Ils ont ensuite offert aux étudiants de choisir une photo qu’ils pouvaient conserver et les organisateurs gardaient l’autre pour « prouver » qu’il y avait vraiment eu un projet.
Les étudiants étaient séparés en deux groupes : à un groupe on a dit que s’ils changeaient d’idée dans les prochains quatre jours, ils pouvaient revenir échanger la photo (groupe réversible); à l’autre groupe on a dit qu’ils devaient choisir et que leur choix était définitif (groupe irréversible).
Quelques jours après le « choix », on a demandé aux étudiants s’ils étaient contents de leur choix. Les gens dans le groupe « irréversible » aimaient beaucoup leur photo et ne se posaient pas de question. Les gens dans le groupe « réversible » étaient moins content de leur choix. Et même après que le délai de quatre jours soit passé, ils se demandaient toujours s’ils avaient fait le bon choix.
L’expérience montrait que les étudiants qui avaient le choix de changer d’idée était moins heureux de leur choix alors que ceux qui n’avait pas l’opportunité de le faire était plus heureux.
Ensuite on a demandé à un autre groupe s’ils préféraient faire partie du groupe « réversible » ou « irréversible ». Évidemment, les gens, à 66%, préféraient avoir l’option de changer d’idée même si les résultats de l’étude prouvaient qu’ils seraient moins heureux.
C’est tellement ce qu’on voit sur les sites de rencontres. Les gens rencontrent quelqu’un qu’ils apprécient beaucoup mais, et c’est compréhensible, ils restent disponibles car ils ne sont pas sûrs que ça va bien se passer avec la personne qu’ils viennent de rencontrer.
Le problème est lorsque les gens commencent à fréquenter quelqu’un qu’ils apprécient vraiment mais qui, à cause de toutes ces options qui s’offrent à eux, se demandent s’ils ont fait le bon choix. Chaque nouveau message reçu est comme un nouveau rêve, une opportunité que ce soit encore mieux, qui demande une réflexion à propos de la fréquentation actuelle, des doutes à propos de cette relation, une comparaison pas très saine.
Mais, à notre âge, il est normal d’avoir peur de prendre la mauvaise décision, on a été trop souvent déçu.
La question est de savoir quand ça devient malsain de répondre à ces invitations, quand doit-on décider que la fréquentation présente vaut la peine qu’on lui donne une chance et qu’on se lance, qu’on abandonne les doutes?
Ça m’amène à un autre Ted Talk que j’adore qui discute de vulnérabilité et de « lâcher prise » :
Je peux prendre les gens que j’ai interviewés et les diviser en deux catégories : ceux qui croient en leur propre valeur (ils ont un fort sentiment d’amour et d’appartenance); et ceux qui ont du mal avec ça, ceux qui se demandent s’ils sont assez bien. La différence entre ces gens est que ceux qui ont un fort sentiment d’amour et d’appartenance sont ceux qui croient qu’ils méritent l’amour et l’appartenance.
Les gens qui sont courageux ont le courage d’être imparfaits. Ils ont la compassion pour être gentils envers eux-mêmes d’abord et ensuite pour les autres. On ne peut faire faire preuve de compassion envers les autres si nous sommes incapables d’être gentils avec nous-mêmes. Ils peuvent entrer en connexion avec les autres car ils sont authentiques.
Ils sont disposés à abandonner l’idée qu’ils se font de ce qu’ils auraient dû être pour être qui ils sont, ce qu’il faut absolument faire pour avoir une connexion.
Ces gens croient que ce qui les rend vulnérable est ce qui les rend également beaux. Ils croient à la nécessité de dire ‘Je t’aime’ en premier, de faire quelque chose lorsqu’il n’y a pas de garantie de réussite, la volonté de s’investir dans une relation qui pourrait fonctionner ou pas. Ces gens croient que c’est fondamental.
La vulnérabilité est la source de la joie, de la créativité, du sentiment d’appartenance, de l’amour.
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Je sais que j’évolue toujours mais ces textes représentent beaucoup ce que je vis présentement.
Ce que je crois sincèrement, et qui peut sembler simpliste, est que lorsqu’on a l’impression d’avoir trouvé ce qu’on recherchait, il faut abandonner les doutes, il faut se mettre en situation de vulnérabilité, il faut prendre la chance de se casser la gueule. À quoi bon toujours croire que ce qu’on vit pourrait être mieux ou que ça ne fonctionnera pas?
Qu’est-ce qui pourrait être mieux que ce qu’on vit aujourd’hui, maintenant? Et à quoi bon y penser? Le présent est probablement déjà trop beau pour s’imaginer ailleurs ou autrement.
Ce qui m’a le plus bouleversé est cette phrase : « And at last, what I believe is the most important, is to believe that we are enough ».